Lokeren, Belgique – 23 avril 2025 – Le constructeur de rayonnages flamand stow et sa filiale Movu considèrent le marché américain comme un axe de croissance stratégique. Mais les droits de douane imposés par l’administration Trump pourraient bien perturber leurs ambitions. « Des conteneurs sont en route vers les États-Unis, et personne ne sait encore combien de droits nous allons devoir payer », déplore stow.

Droits à 10 % ? Ou plutôt 20 % ?

Jos De Vuyst, CEO de stow, fabricant de rayonnages métalliques pour entrepôts basé à l’origine à Mouscron, gère son entreprise dans un climat d'incertitude totale depuis le déclenchement de la guerre commerciale menée par Donald Trump. Grâce à l’essor du e-commerce, stow a connu une croissance fulgurante : l’entreprise génère aujourd’hui un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros et exploite dix usines en Europe. Elle exporte également vers les États-Unis.

Il y a trois ans, stow a lancé Movu, une filiale spécialisée dans les robots haute technologie capables de remplacer les caristes et opérateurs d’entrepôt. Dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre, cette activité connaît un fort essor, notamment sur le marché nord-américain.

Des droits de douane qui changent la donne

Depuis le 12 mars, les rayonnages en acier sont soumis à un droit d’importation de 25 %. Les robots, quant à eux, subissent actuellement une taxe de 10 %, susceptible de remonter à 20 % suite à l’annonce de Trump le 12 avril, lors du « Liberation Day » des importations européennes. « Il y a des conteneurs en transit et nous ne savons pas encore si nous paierons 10 ou 20 % de droits. Et c’est un montant à régler immédiatement à la frontière, avant de pouvoir livrer nos clients », précise Jos De Vuyst.

Une addition salée

Ces contrats ayant été signés avant l’annonce des hausses tarifaires, Movu et stow devront en assumer le coût via leur filiale américaine. « Ce n’est pas notre problème », rétorquent certains clients. Résultat : plusieurs millions de dollars à absorber dans les mois à venir.
Pour les nouveaux contrats, stow prévoit toutefois de répercuter ces hausses sur les prix. Malgré les 25 % de droits de douane, les rayonnages européens peuvent rester compétitifs par rapport aux produits américains. « Le prix de l’acier aux États-Unis a augmenté de 25 % ces derniers mois, en raison des restrictions commerciales. Il y a moins d’acier européen et chinois, et la production locale ne suffit pas à couvrir la demande. La pénurie va s’aggraver. »

Une usine américaine comme atout stratégique

stow avait anticipé cette situation en décidant, il y a un an et demi, d’implanter une usine sur le sol américain. Une décision que De Vuyst qualifie aujourd’hui de « véritable coup de chance », car elle permettra d’éviter les droits de douane sur les rayonnages et de réduire les coûts de transport.
L’usine devrait être opérationnelle le 1er avril 2026.

« Je suis favorable à une relocalisation partielle de la production industrielle », explique De Vuyst. « La crise du Covid a montré à quel point les chaînes d’approvisionnement mondiales sont fragiles. Il suffit qu’un navire s’échoue dans la mer Rouge pour que toute la chaîne s’effondre. »

Cette stratégie de relocalisation est donc antérieure aux politiques de réindustrialisation prônées par Trump. De Vuyst espère également pouvoir bénéficier de soutiens publics américains, bien qu’il s’interroge sur la capacité à recruter dans un marché de l’emploi surchauffé.

Des robots toujours produits en Belgique

Les robots Movu, eux, continueront d’être fabriqués à Lokeren, en raison de leur complexité technologique. « Nos clients américains sont prêts à payer un supplément pour cette technologie unique », souligne De Vuyst. « Mais nous étudions actuellement la possibilité de remplacer certains composants d’origine asiatique. »

Une inquiétude face à la concurrence chinoise

Malgré tout, De Vuyst s’inquiète du chaos provoqué par l’administration Trump. « J’espère encore un retour au bon sens. Car avec ces politiques, les États-Unis, et le reste du monde avec eux, foncent droit vers une récession. Et dans ce cas, nous devrons revoir radicalement nos plans de croissance. Si le consommateur final perd du pouvoir d’achat, il y aura moins de logistique, moins d’automatisation, et cela se fera sentir. »

Il redoute également un effet de domino sur le marché européen si une guerre commerciale totale éclate entre les États-Unis et la Chine. « Nos concurrents chinois disparaîtraient du marché américain, ce qui semble une bonne nouvelle. Mais il est très probable qu’ils se tournent alors vers l’Europe. » 

La Chine fabrique en effet aussi des robots d’entrepôt. Moins performants que ceux de Movu, ils sont peu présents sur le marché européen jusqu’à présent. « Mais si la Chine ne peut plus les vendre aux États-Unis, elle les redirigera vers l’Europe. Et je crains que l’UE ne nous protège pas, ou bien trop tard. »

Bron: © De Standaard, Lieven Sioen